Pour rappel, la Loi sur l’économie sociale établit l’appartenance d’une organisation à l’économie sociale au respect de celle-ci des principes reconnus par le milieu. En termes de gouvernance, cela se traduit par la rédaction et l’application de règles internes assurant un partage équitable du pouvoir décisionnel entre les membres (art. 3). En économie sociale, il importe que ces règles et leur mise en place soient l’aboutissement d’une négociation impliquant l’ensemble des parties prenantes de l’organisation.

Dans le cas d’une reprise collective (RC), la mise en pratique du principe de gouvernance démocratique est un aspect fondamental de la structure de l’entreprise d’économie sociale et mérite une attention particulière. Sans égard au type de reprise, le repreneur collectif fera face à des enjeux de gouvernance propres à la RC et à la forme juridique choisie pour le faire : coopérative de travailleurs, de consommateurs, de producteurs, de solidarité ou de travailleurs actionnaire ou organisation à but non lucratif (OBNL/OSBL).

Pour bien soutenir leur démarche, l’accompagnateur se doit de connaître non seulement les particularités des EÉS (lois, cadre de référence, finalité, principes, entre autres), mais aussi celles du transfert d’entreprise. Il doit mettre en place une approche d’animation et d’encadrement favorisant le partage de l’informationau plus grand nombre. De plus, il devra s’assurer de fournir les informations pertinentes selon le degré d’avancement du projet, d’orienter les repreneurs collectifs dans leur réflexion et leur fournir des outils ou les référer vers d’autres ressources spécialisées, le cas échéant. Il deviendra en quelque sorte le guide de la démarche.

Si la RC nécessite la création d’une nouvelle entité, le choix de la forme juridique aura une incidence sur les possibilités de développement, d’accès au financement, de mobilisation de parties prenantes, d’adhésion de nouveaux membres, etc.

Dans le cas d’une reprise réalisée par une EÉS existante, d’autres enjeux concernant la gouvernance sont à considérer selon qu’il s’agisse d’un rachat partiel ou complet de l’entreprise à acquérir et du type de reprise (fusion, continuation ou création d’une filiale). Conformément à la situation, la ressource d’accompagnement amènera les repreneurs collectifs à s’interroger sur les répercussions des choix possibles.


Évaluer l’équipe de repreneurs

Dans le cas où la création d’une EÉS soit nécessaire pour la reprise, une des premières actions à poser par l’accompagnateur est l’évaluation de l’équipe de repreneurs collectifs. Le but étant de connaître les forces et faiblesses de chaque membre, de faire ressortir leur complémentarité et, finalement, de planifier l’accompagnement, les outils et/ou la formation dont on aura besoin lors du processus de reprise collective et de la prise en charge du management de l’entreprise acquise. Éventuellement, cette équipe se formalisera pour devenir un comité provisoire dont nous expliquons le rôle et le mandat dans la partie « Création du comité provisoire ». Quand la reprise se fait par une EÉS existante, le pilotage se fera par l’équipe de direction ou un comité interne ad hoc.

Comme pour tout démarrage d’entreprise, on s’attend à trouver parmi les membres d’une équipe de repreneurs collectifs, des personnes connaissant le secteur d’activité de l’entreprise à acquérir (tendance du marché, concurrents, clientèle, etc.), le milieu et les principes de l’économie sociale, ainsi que les sources potentielles de financement. Des compétences managériales et entrepreneuriales sont aussi requises. Le travail de l’accompagnateur sera d’aider les repreneurs collectifs à prendre conscience de leurs forces et faiblesses et à les soutenir dans le développement des compétences nécessaires à la réussite d’un projet de reprise collective.

Le tableau suivant propose une liste de vérification des principales compétences requises, ainsi que de la composition souhaitée d’une équipe de repreneurs collectifs. La colonne « présence ressource externe » réfère à d’autres conseillers ou experts en soutien à l’équipe en sus de l’accompagnateur mandaté. Si la présence de ces ressources externes est le fait de la mobilisation de l’équipe, cela donne un bon indicateur de la capacité des membres à s’autoévaluer et à s’entourer. Il s’agit d’un élément qui pourrait s’avérer déterminant lors de l’analyse du projet par les bailleurs de fonds potentiels, comme nous le soulignons dans la section Financer la reprise.

Évaluer l’équipe et les ressources mobilisées

Présent dans l’équipe
0ui / non
Présence ressource externe
0ui / non
Capacité à communiquer clairement et régulièrement sur les objectifs et les moyens mis en place
Capacité à mobiliser la communauté, les élus, les bailleurs de fonds, etc.
Capacité à planifier la reprise et à se donner des objectifs réalistes
Capacité à organiser le travail : partage de tâches, prise de décisions, niveau de responsabilités des membres (et avec le cédant)
Capacité à collaborer et à travailler en équipe (et avec cédant)
Capacité à continuer la gestion de l’entreprise à vendre : pilotage transfert, suivi des opérations, développement
Capacité à évaluer les besoins, à planifier le développement des compétences ou à chercher de l’aide externe
Capacité à exploiter l’entreprise à vendre (connaissances et expérience techniques en marketing, GRH, comptabilité, production, etc.)
Présent dans l’équipe
0ui / non
Présence ressource externe
Oui/ Non
Capacité à fédérer le groupe autour d’une vision et d’un projet commun
Capacité à développer des relations avec d’autres partenaires
Capacité à convaincre et les investisseurs et les parties prenantes (persuasion, communication, négociation, confiance)
Capacité à gérer son stress et son temps
Présent dans l’équipe
0ui / non
Présence ressource externe
Oui/ Non
Diversité au sein de l’équipe (formation, expérience, réseaux)
Degré d’alignement (compréhension et adhésion) des membres sur la vision et les valeurs portées par le projet de reprise
Capacité à prendre de décisions en collectif et à être efficace dans le partage des tâches et des responsabilités
Motivation suffisante et participation active à la création (de la nouvelle entité, s’il y a lieu) et au développement de l’organisation
Capacité à injecter des fonds propres et à faire de compromis financiers
Capacité financière personnelle (bon dossier de crédit, épargne, emploi, antécédents financiers)
Connaissance du secteur d’activité de l’entreprise à vendre et du marché
Adhésion aux principes de l’économie sociale et capacité à les intégrer au projet de reprise collective
Connaissance des outils de financement dédiés aux EÉS
Connaissance des structures d’accompagnement dédiées aux EÉS
Connaissance du fonctionnement et du cadre légal des EÉS (coop ou OBNL)
Connaissance et relations avec les acteurs de l’écosystème de l’ÉS
Connaissance des aspects légaux et fiscaux liés à une reprise collective

Création du comité provisoire

La particularité des entreprises d’économie sociale est la recherche d’équilibre entre leur double mission : économique et sociale. Lors de la création d’une nouvelle entité pour le rachat d’une entreprise, l’équipe de repreneurs a une autre double tâche à accomplir. D’une part, elle doit bâtir l’aspect associatif (constitution juridique) de la nouvelle EÉS et d’autre part, elle doit procéder à l’acquisition de l’entreprise visée (vous trouverez dans la section Processus de la RC, le détail des démarches). 

Afin de piloter ce travail, l’équipe de RC devra d’abord formaliser sa démarche par la création d’un comité provisoire. Cette étape est incontournable, car elle permettra d’avoir accès aux informations financières de l’entreprise en vente, ainsi qu’aux ressources de soutien dédiées à la reprise collective, entre autres. À ce stade, l’accompagnateur fournira des modèles de déclaration d’intention et d’engagement pré constitutif et d’engagement de confidentialité aux repreneurs pour mieux les préparer. 

La composition du comité provisoire est essentielle. En effet, les membres du comité provisoire seront mandatés pour évaluer, planifier et réaliser le projet d’acquisition, ainsi que pour entamer les démarches visant la création de l’EÉS qui deviendra la « propriétaire » de l’entreprise cédée. Comme nous l’avons vu, des connaissances variées sont alors nécessaires (du secteur d’activité de l’entreprise à acquérir, de l’économie sociale, des sources de financement, entre autres).

Le travail de la ressource d’accompagnement est de soutenir le comité provisoire en vue d’assurer leur réussite par le partage de ses ressources (connaissances et réseaux) et de ses outils. La plupart du temps, l’accompagnateur sera mandaté pour représenter le comité provisoire dans leurs démarches d’accès aux informations de l’entreprise à vendre, principalement au début du processus.

Le rôle des membres du comité provisoire est d’agir au nom de la future organisation (coop ou OBNL/OSBL) comme ses représentants et cela jusqu’à la constitution légale de la nouvelle entité créée pour la reprise. Ils seront les responsables de toute prise de décision, démarche, signature ou engagement visant autant la création de l’EÉS que le rachat de l’entreprise cédée.

La compréhension du rôle des membres du comité s’avère alors essentielle autant pour ceux qui en feront partie que pour les autres parties prenantes de la future EÉS. De plus, une fois l’obtention des statuts ou des lettres patentes de la nouvelle entité, ils formeront, dans la plupart du temps, le nouveau conseil d’administration (CA).

Dans la liste de tâches à réaliser par les membres du comité provisoire, on peut nommer celles liées à la constitution légale de la nouvelle entité comme le choix de la forme juridique, de la mission (ou les objets), du mode de gouvernance, des règlements de régie interne, de la mise sur pied du membrariat et de l’amorce du processus légal de demande de constitution et de convocation à l’assemblée générale d’organisation (AGO) ou de fondation (AGF) de la nouvelle entité (coopérative ou OBNL/OSBL).

L’accompagnateur recommandera la réalisation d’un plan de travail (objectifs, échéancier, responsables, etc.) définissant les grandes étapes de l’idée de projet jusqu’à la tenue de la première assemblée générale.

Afin d’aider le comité provisoire dans leur réflexion, nous proposons à l’accompagnateur quelques questions liées à la reprise collective et aux enjeux de gouvernance qu’elle soulève. Le but étant d’orienter les membres du comité provisoire dans le choix de la forme juridique la plus propice au projet, particulièrement en ce qui a trait à la mission et à la future composition de son membrariat, le cas échéant.


Enjeux de la gouvernance lors de la RC

Inspiré du 3e principe de l’ÉS, soit « les règles applicables à l’entreprise prévoient une gouvernance démocratique par les membres » (art. 3, Loi sur l’économie sociale) et du Cadre de référence de l’économie sociale pour sa réalisation, le tableau suivant suggère quelques questions concernant les enjeux de gouvernance propres à une EÉS et à une reprise collective.

Critères de l’ÉSAttendus de l’ÉSQuestions liées à la RC
Nature des personnes participant à la gouvernanceDémontrer la participation effective des membres à la gouvernanceQui seront les membres ? Quelles catégories ?
Quelle place et quels pouvoirs auront les gestionnaires, les salariés, les clients et les fournisseurs dans la structure de gouvernance de l’entreprise achetée ? Et le cédant ?
Y aura-t-il des membres de la famille de l’ancien propriétaire ? Si oui, quels seront leur place, leur pouvoir ? 
Quel pouvoir ou quelle représentativité veut-on donner à la communauté locale ?
Vitalité associativeDémontrer le niveau d’engagement des parties prenantes dans ses activités
Démontrer la cohérence de la composition de son membrariat et l’énoncé de mission
Comment intégrer les membres aux prises de décisions ? À quel moment ?
Comment montrer l’engagement des membres dans les activités ?
Quel est le lien entre les divers types de membres et la mission ? 
 
Présence et fonctionnement des organes administratifsDémontrer l’existence de dispositifs et de modalités témoignant d’une gouvernance démocratiqueSi cohabitation avec cédant, comment organiser la cogestion ?
Comment passer d’un modèle de prise de décision hiérarchique à un plus participatif, le cas échéant ? 
Quelles seront les instances décisionnelles et consultatives ?
Transparence et conformitéDémontrer l’accès des membres aux informations (transparence)
Démontrer que ses actions sont conformes à ses règlements généraux
Quel accès ? À qui ?
Quelles informations ? 
À quelle fréquence ? 
Par quels canaux de communication ?

Les questions précédentes ne font que mettre la table sur une réflexion beaucoup plus élargie concernant la « viabilité » de la reprise collective, c’est-à-dire le potentiel (autre que financier) de réussite dans l’arrimage des pratiques organisationnelles et opérationnelles de l’entreprise à reprendre avec les visées de l’EÉS (et les principes de l’économie sociale). Cette délibération ne se circonscrit pas uniquement à l’aspect gouvernance, c’est pourquoi nous vous invitons à consulter le guide Évaluer le potentiel de reprise collective de l’entreprise pour poursuivre la réflexion. 


Membrariat et conseil d’administration

On peut affirmer que la composition du membrariat d’une entreprise d’économie sociale (EÉS) est déterminée essentiellement, mais non uniquement, par les deux principes suivants : la réponse aux besoins des membres et de la collectivité, ainsi que l’aspiration à la viabilité économique. 

La réponse aux besoins des membres et de la collectivité définira l’offre de biens ou de services actuelle et future de l’organisation (activité économique) et ses utilisateurs : les membres, la collectivité ou les deux . L’aspiration à la viabilité économique précisera le degré de la relation des membres (actuels et futurs) avec l’activité économique de l’organisation. Cette « relation » se reflètera particulièrement dans le pourcentage de revenus (réel ou prévu) provenant des achats faits par les membres des biens ou des services offerts par l’EÉS.

Dans le cas de la création d’une EÉS, ces deux éléments détermineront les différentes catégories des membres, ainsi que de la forme juridique. L’accompagnateur aidera les repreneurs collectifs à faire le meilleur choix. 

Enjeux de l’économie sociale lors de la RC

De la même manière que nous l’avons fait dans le tableau Enjeux de la gouvernance lors de la reprise collective, le tableau qui suit reprend certains critères et attendus de l’économie sociale en lien avec trois des principes inscrits dans la Loi sur l’économie sociale à savoir : répondre aux besoins de ses membres et de la collectivité, être autonome par rapport à l’État et aspirer à une viabilité économique.

Nous reprenons ici, les critères présentant des enjeux propres à la composition du membrariat (et potentiellement dans le choix de la forme juridique) et du conseil d’administration. L’accompagnateur pourra guider le comité provisoire (possible futur conseil d’administration) dans sa réflexion.

Critères de l’ÉSAttendus de l’ÉSQuestions liées à la RC
Fondements collectifsDémontrer un caractère collectif (membres du comité provisoire, futurs membres ou collectivité) et de leur adhésion à la missionUn groupe est-il mobilisé autour d’un projet commun de reprise d’entreprise ?
Ses membres partagent-ils une vision de l’entreprise rachetée ? S’entendent-ils sur sa mission ?
Quel est le lien entre les membres du comité provisoire, les futurs membres et la mission ?
Ancrage territorial et sectorielDémontrer une relation réelle et active avec le milieu La RC permet-elle de sauvegarder ou de développer des emplois locaux (employés, fournisseurs, clients) ?
Des membres de la communauté locale, des élus, des acteurs sectoriels (fédération, regroupements, etc.) ou de développement économique soutiennent-ils cette reprise ?
L’équipe de repreneurs est-elle impliquée dans un ou des réseaux sectoriels ?
Besoins et aspirationsOffrir de services ou de biens répondant aux besoins des membres ou d’un groupe de personnesDes activités de l’entreprise rachetée permettront-elles de répondre aux besoins des membres de l’EÉS ou de la communauté ?

Qui sont les acheteurs actuels/potentiels ? Sont-ils en lien avec la gouvernance (membrariat) ?
Quel est le couple marché/besoins (qui) – produit/service (quoi) actuel/souhaité ?
Critères de l’ÉSAttendus de l’ÉSQuestions liées à la RC
Contrôle majoritaire par les membresDémontrer que les modalités d’élection du conseil d’administration donnent la majorité des votes aux membres (dans le cas où il y aurait présence de représentants publics ou privés)Quelles sont les modalités d’élection des membres du CA ?
Les règlements généraux touchant à l’élection du CA sont-ils conformes au cadre légal de l’EÉS (Loi sur les coopératives ou Loi sur les compagnies, partie III) ?
Critères de l’ÉSAttendus de l’ÉSQuestions liées à la RC
Tendances des revenusDémontrer une orientation durable de ses revenus d’exploitation contribuant à sa viabilité (les revenus tirés de la vente de produits et services ne doivent pas avoir un caractère strictement ponctuel)Quel est le lien d’usage des membres dans les activités économiques ?
Quelles activités économiques sont planifiées comme un moyen de réaliser la mission ?
Quelle est la part des activités économiques dans les revenus prévisionnels de l’EÉS ? 

Comme nous l’avons mentionné dans la section touchant le comité provisoire et son rôle, celui-ci prendra fin dès que l’on décide d’émettre une lettre d’intention d’achat. En effet, la lettre d’intention est conditionnelle à la création de l’EÉS, à l’obtention du financement et au dépôt d’une offre d’achat.

Le comité est alors dissous pour faire place à un conseil d’administration (CA) qui aura pour mandat de préparer les documents nécessaires à la tenue de l’assemblée générale de fondation (AGF) ou d’organisation (AGO), selon qu’il s’agisse d’un OBNL ou d’une coopérative. La plupart du temps, les membres du comité provisoire assumeront le rôle des membres fondateurs et éventuellement du futur CA, mais ce n’est pas une condition indispensable. Cela dépendra des règles internes et de la composition du membrariat de la nouvelle entité. 

Règle générale, les administrateurs d’un OBNL « en l’absence d’autres dispositions à cet égard, dans l’acte constitutif ou dans les règlements (…), élisent parmi eux un président et, s’ils le jugent à propos, un président d’assemblées et un ou plusieurs vice-présidents de la compagnie; ils peuvent aussi nommer tous autres dirigeants » (art. 89, Loi sur les compagnies). Pour leur part, les dirigeants d’une coopérative « sont le président, le vice-président, le secrétaire et, le cas échéant, le trésorier, le directeur général ou gérant » (art. 112.1, Loi sur les coopératives).

Lors de cette première assemblée de constitution, les membres donneront le mandat de conclure la transaction au CA dûment élu. Il est important ici de rappeler le rôle et les responsabilités du CA. Une formation concernant la gouvernance est d’ailleurs conseillée. 

Nous détaillons les différentes démarches à réaliser dans la section Processus de RC, ainsi que le soutien apporté par la ressource d’accompagnement au conseil d’administration notamment dans l’élaboration des politiques de gestion et de régie interne. En vous référant à ce chapitre et au processus lié au statut juridique de l’EÉS impliquée dans la reprise, vous pourrez plus facilement repérer les étapes liées à la gouvernance.


Cadres légaux pertinents

Réalisés à partir du tableau comparatif élaboré par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MÉI), les tableaux suivants donnent un aperçu général sur les différences et les particularités des sociétés par actions (SPA), les coopératives et les personnes morales à but non lucratif (OBNL/OSBL). Chaque tableau compare les cadres légaux de chaque forme juridique, le rôle et les responsabilités des membres (ou actionnaires) dans la participation à la propriété, au pouvoir, aux résultats et aux opérations, ainsi que les modalités de liquidation, le cas échéant.

SOCIÉTÉ PAR ACTIONS (SPA)/COMPAGNIECOOPÉRATIVEPERSONNE MORALE SANS BUT LUCRATIF (OBNL/OSBL)
Loi sur les sociétés par actions
 
RLRQ, chapitre S-31.1
Loi sur les coopératives
 
RLRQ, chapitre C-67.2
Loi sur les compagnies, Partie III
 
RLRQ, chapitre C-38
Règlement sur les documents qui doivent accompagner les statuts en vertu de la partie IA de la Loi sur les compagnies
 
C-38, r.1
Règlement d’application de la Loi sur les coopératives
 
C-67.2, r.1
Règlement sur les noms des personnes morales ou des associations régies par la partie III de la Loi sur les compagnies
 
C-38, r.2
Loi administrée par la Direction des entreprises de l’Inspecteur général des institutions financières (IGIF)Loi administrée par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MÉI). La Direction des coopératives régit la constitution, le fonctionnement et la liquidation des coopératives autres que financières.Loi administrée par la Direction des entreprises de l’Inspecteur général des institutions financières (IGIF)
AUTRES LOIS
Code civil du Québec
Loi sur la publicité légale des entreprises
Code civil du Québec
Loi sur la publicité légale des entreprises
Code civil du Québec
Loi sur la publicité légale des entreprises
PROPRE À L’ÉS
Ne s’applique pasLoi sur l’économie sociale
Définition art. 3
Loi sur l’économie sociale
Définition art. 3
Ne s’applique pasLoi administrée par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MÉI).Loi administrée par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MÉI).
SOCIÉTÉ PAR ACTIONS (SPA)/COMPAGNIECOOPÉRATIVEPERSONNE MORALE SANS BUT LUCRATIF (OBNL/OSBL)
Action au porteurPart socialeCapital social ou capital-actions
Un certificat d’actions fait preuve que l’actionnaire a droit aux actions qui y sont représentées
 
Article 63
La part sociale est nominative
 
 
Article 39
Inexistant
 
 

Article 224
Le capital-actions est sans valeur nominale, sauf disposition contraire des statuts
 
Article 43
La part sociale a une valeur nominale de 10$, sauf dans une coopérative en milieu scolaire
 
Articles 41 et 221.5
Ne s’applique pas
L’action est rachetableLa part sociale est rachetable
La loi contient certaines dispositions spécifiques régissant l’achat et le rachat des actions
 
Article 93 et suivants
Un membre peut obtenir, à certaines conditions, le remboursement de ses parts sociales à leur valeur nominale
 
Articles 38, 38.1 et 202
Ne s’applique pas
Responsabilité des actionnairesResponsabilité des membresResponsabilité des membres
Limitée au montant non payé sur les actions qu’ils détiennent. Les actionnaires ne sont pas personnellement responsables des dettes de la SPA
 
Article 224
Limitée au montant de leur souscription en capital social. Les membres ne sont pas personnellement responsables des dettes de la coopérative
 
Article 309 et 315 du Code civil du Québec (C.c.Q)
Limitée à l’obligation de verser une contribution fixée par règlement. Les membres ne sont pas personnellement responsables des dettes de l’OBNL
 
Articles 222 et 226
SOCIÉTÉ PAR ACTIONS (SPA)/COMPAGNIECOOPÉRATIVEPERSONNE MORALE SANS BUT LUCRATIF (OBNL/OSBL)
L’actionnaire dispose habituellement d’une voix par action détenue
 
 
 
Article 179
Un membre n’a droit qu’à une seule voix, quel que soit le nombre de parts qu’il détient
 
 
Articles 4 et 68
Un membre n’a droit qu’à une seule voix. Toutefois, les règlements peuvent limiter le droit de vote à certaines catégories de membres
 
Article 225
Le vote par procuration est permisLe vote par procuration est interditLe vote par procuration est interdit
Chaque actionnaire peut se faire représenter par son fondé de pouvoir
 
Article 170
Un membre ne peut voter par procuration
 
Article 4
Un membre ne peut voter par procuration
 
Article 224
Sous réserve des règlements, il a le droit de se faire représenter par son(sa) conjoint(e) ou son enfant majeur non membre
 
Article 69
Responsabilité des administrateursResponsabilité des administrateursResponsabilité des administrateurs
Les dirigeants ont le rôle et les devoirs de mandataires de la société par actions
 
 
Article 116
Articles 2138 et suiv. du C.c.Q.
Les administrateurs ont le rôle et les devoirs de mandataires de la coopérative
 
Article 91
Articles 2138 et suiv. du C.c.Q.
Les administrateurs ont le rôle et les devoirs de mandataires de la Personne morale sans but lucratif (OBNL/OSBL)
 
Article 321
Articles 2138 et suiv. du C.c.Q.
Devoir et responsabilités d’administrateurs de la société par actions
 
Articles 119 à 133
Devoirs et responsabilités d’administrateurs d’une personne morale
 
Articles 321 à 330 du C.c.Q.
Devoirs et responsabilités d’administrateurs d’une personne morale
 
Articles 321 à 330 du C.c.Q.
Responsabilités découlant de la Loi sur les sociétés par actions
 
Articles 154 à 158
Devoirs particuliers découlant de la Loi sur les coopératives
 
Art. 90
Responsabilités découlant de la Loi sur les compagnies
 
Article 95
Responsabilités en vertu d’autres loisResponsabilités en vertu d’autres loisResponsabilités en vertu d’autres lois
SOCIÉTÉ PAR ACTIONS (SPA)/COMPAGNIECOOPÉRATIVEPERSONNE MORALE SANS BUT LUCRATIF (OBNL/OSBL)
La SPA peut déclarer et payer tout dividende, sauf si elle ne peut de ce fait acquitter son passif à échéance
 
Articles 103 à 105
Aucun intérêt n’est payable sur la part sociale.
Un intérêt peut être payé sur la part privilégiée, cet intérêt doit être limité par résolution du CA. Un intérêt peut être payé sur la part privilégiée participante, cet intérêt doit être limité par règlement de la coop
 
Articles 4 (p. 3), 42, 46, 49,1 et 49.4
Ne s’applique pas
La valeur de l’action ordinaire est variableLa part sociale ne peut avoir de plus-value
Un actionnaire peut vendre ses actions à une autre personne, à un prix convenu avec elle. La rentabilité de la SPA et la valeur des bénéfices non répartis influent sur la valeur des actionsL’article 38.1 stipule que seules les sommes payées sur les parts sociales des membres démissionnaires ou exclus leur sont remboursées. Comme l’article 147 décrète que la réserve ne peut être partagée entre les membres ou les membres auxiliaires, elle ne peut servir à conférer une plus-value sur ces partsNe s’applique pas
Affectation des profitsAffectation des trop-perçus ou des excédentsAffectation des excédents
Les profits peuvent être distribués sous forme de dividendes, si les administrateurs en déclarent selon les droits prévus pour les différentes catégories d’actions. Ils peuvent être également réinvestis dans la SPALes trop-perçus annuels sont affectés à la réserve ou attribués aux membres ou aux membres auxiliaires sous forme de ristournes au prorata des opérations de chacun avec la coopérative
 
Articles 4, 143 et 149
Les membres d’un OBNL/OSBL n’ont aucun droit sur les biens ou les revenus de l’organisation. De plus, l’OBNL/OSBL n’attribue pas de ristourne à ses membres
SOCIÉTÉ PAR ACTIONS (SPA)/COMPAGNIECOOPÉRATIVEPERSONNE MORALE SANS BUT LUCRATIF (OBNL/OSBL)
ObjetsObjets
Personne morale créée dans le but de réaliser de profitsUne coopérative est une personne morale regroupant des personnes ou sociétés qui ont des besoins économiques, sociaux ou culturels communs et qui, en vue de les satisfaire, s’associent pour exploiter une entreprise conformément aux règles d’action coopérative
 
 
RLRQ, C-67.2 ; art. 3
« Une personne morale sans but lucratif (OSBL/OBNL) est un groupement de personnes physiques qui poursuivent un but à caractère moral ou altruiste et qui n’ont pas l’intention de faire des gains pécuniaires à partager entre les membres »
 
Source : Registraire des entreprises du Québec
FondateursFondateursFondateurs
Toute personne physique habile à être administrateur d’une société peut en être le fondateur
 
 
 
 
 
 
 
RLRQ, chapitre S-31.1. art. 4
Les fondateurs « doivent avoir des besoins communs que la coopérative peut satisfaire et la capacité effective d’être des usagers des services de la coopérative et satisfaire aux exigences du paragraphe 1° de l’article 4. ». Au moins 3 fondateurs doivent faire la demande d’incorporation, selon le type de coopérative
 
 RLRQ, C-67.2 ; art. 7
Au moins 3 personnes physiques habiles à être administrateurs peuvent en être les fondateurs 
Lien d’usageActivités marchandes
Ne s’applique pasLa loi stipule à 50% « la proportion des opérations que doit effectuer une coopérative, une fédération ou une confédération avec ses membres » (ventes et revenus de services ou de biens, ou rémunérations salariales)
 
Règlement d’application de la Loi sur les coopératives, ch. IV, art. 16 et 17
Ne s’applique pas
 
Bien qu’il n’y ait pas de règles précises concernant le pourcentage de revenus provenant des activités marchandes, certains bailleurs de fonds exigeront un pourcentage de revenus autonomes (20-30%)
 
Pour avoir droit au remboursement de la TPS/TVQ, au moins 40% de ses revenus doivent provenir d’un financement public (subventions)
SOCIÉTÉ PAR ACTIONS (SPA)/COMPAGNIECOOPÉRATIVEPERSONNE MORALE SANS BUT LUCRATIF (OBNL/OSBL)
Le détenteur d’actions ordinaires participe au partage du reliquat des biens de la société
 
Articles 47 et 48
Le titulaire de parts n’a droit qu’aux sommes versées sur ses partsLes membres ne participent généralement pas à la distribution des biens de l’organisme
Le liquidateur recouvre les créances et exécute les obligations de la SPA. Il effectue ensuite le partage du reliquat des biens conformément à une proposition de partage approuvée par les actionnaires
 
 
Articles 337 à 346
Le liquidateur paie d’abord les dettes, ainsi que les frais de liquidation et rembourse ensuite aux membres les sommes versées sur leurs parts, suivant la priorité établie par règlement ou résolution du conseil d’administration.
Après ces versements, le solde de l’actif est dévolu à une coopérative, à une fédération, à une confédération ou au Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, par une résolution adoptée à la majorité des voix exprimées
 
Article 185
 
Cette disposition ne concerne pas certaines coopératives agricoles.
 
Article 208
Les lettres patentes de la plupart des OBNL/OSBL ordonnent que le résidu des biens soit remis à un autre organisme poursuivant des fins similaires. Dans ce cas, les membres n’ont aucun droit sur les biens de l’OBNL/OSBL
 
Toutefois, si les lettres patentes sont muettes sur cette question, les membres ont droit à ces biens au prorata entre eux
 
Articles 28(2), 31(Q) et 224

Principaux éléments à retenir

Le rôle de l’accompagnateur est de guider ainsi que d’apporter des outils et des conseils opportuns, afin d’éviter aux repreneurs collectifs des démarches inutiles.  Il se doit de :

  • évaluer l’équipe repreneuse et ses ressources lors de la composition du comité provisoire. Miser sur une équipe diversifiée et complémentaire ayant dans son sein des membres possédant des connaissances sur le secteur d’activité de l’entreprise à reprendre et de l’économie sociale particulièrement, mais aussi de compétences en communication et en négociation.
  • prendre le temps nécessaire pour la réflexion concernant les enjeux de la gouvernance et le type de reprise (création d’une EÉS ou EÉS existante). Former l’équipe repreneuse à la gouvernance et aux rôles et responsabilités des membres du CA.
  • expliquer aux repreneurs les avantages et désavantages de chaque forme juridique en lien avec les objectifs poursuivis, la vision et les valeurs des membres.
  • se donner un plan de travail (objectifs, échéanciers, etc.), l’adapter au besoin et faire un suivi régulier.
  • référer à des experts quand nécessaire (avocats, comptables, fiscalistes, etc.), notamment lors de la prise de décision concernant la constitution du capital social de l’organisation.